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Photo du rédacteurAlain CABRAS

Deux sas pour une civilisation

Dernière mise à jour : 17 nov. 2021

Ce jeudi 23 avril 2021, deux événements majeurs se sont produits dans une quasi unité de temps mais dans une opposition absolue de sens. Au moment où Thomas Pesquet quittait la Terre pour élever le rêve humain le plus haut possible, s’abattait le couteau de la barbarie islamiste sur la vie, celle d’une femme policière, dans un sas d’entrée du commissariat de police de Rambouillet.


Pour entrer dans la fusée, Thomas emprunta un sas servant à passer d’une pression atmosphérique à une autre mais qui dans l’espace servirait surtout à passer du vide létal à une atmosphère pleine d’oxygène, de vie et donc d’espérance. Pour entrer dans le commissariat où elle travaillait, Stéphanie emprunta un sas servant à passer et délimiter, physiquement et symboliquement, une atmosphère compressée, surchargée de violences à une atmosphère décompressée de sécurité et, par la même, d’espérance d’une reconnaissance.


Pendant que le drame se passait, Thomas et ses co-équipiers voyaient se dessiner la magnificence de la Terre et pouvaient s’émouvoir de tous ses bleus. Ils le faisaient en tant que personnes mais aussi au nom de toute l’humanité en donnant sens et corps à sa vision la plus haute mais aussi à sa raison d’être la plus profonde et ses valeurs les plus partagées.


Cette vision tient dans une croyance simple : il n’y a pas de limite à l’aventure humaine ni à l’adaptation de son mental à tous les contextes. Il n’y a pas de limite non plus à la vocation humaine qui la nourrit, à cette raison d’être qui est de découvrir, d’apprendre toujours et encore de l’inconnu et de l’incertain parce que l’esprit humain est infini, comme le cosmos. Il ne peut pas y avoir, enfin, de limite à l’action des hommes si elles sont ancrées dans des valeurs de dépassement de soi et de doute fécond, d’amour de la liberté et de solidarité pour l’humanité, de rigueur scientifique et de courage des rêveurs.


Cette vision, Stéphanie ne la connaîtra plus. Elle n’est pas ressortie vivante du sas du commissariat parce qu’un homme décida de l'égorger, de frapper à mort l’uniforme qu’elle portait, par haine de l’Etat, de la société et des valeurs françaises, par détestation et peur de la sexualité qu’elle incarnait aussi. Mais bien pire encore, Stéphanie ne reverra plus les nuits étoilées de Thomas parce que son tueur avait des croyances limitantes définitives où nul dépassement de soi, nul doute, nul amour de la liberté, nulle image de l’humanité globale, nulle science n’avaient leur place. Quant au courage…


Pétris d’une idéologie mortifère militante, lui comme tant d’autres de plus en plus nombreux, ont décidé que tous les sas seraient de compression voire de destruction, si celles et ceux qui les empruntaient n’en ressortiraient pas soumis à l’islamisme et à la haine de la liberté de l’esprit et des savoirs.


Dans la paisible Rambouillet, aujourd’hui s’est dessiné le choix de civilisation qui attend la société française en particulier et européenne en général : celui du sas qu’elle va vouloir emprunter pour son avenir.





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