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Photo du rédacteurAlain CABRAS

La stratégie islamiste de destruction de la "vocation républicaine"

Dernière mise à jour : 17 nov. 2021


La société française est lasse de s’indigner. Elle est à court de mots devant le tsunami de maux islamiques qui la frappent. Usée d’être punie, par ceux à qui elle déplaît car il s’agit bien de châtiments, elle est sidérée depuis cinq longues années. Dans leur écrasante majorité, les citoyens français se taisent, et ce qui est peut-être pire, s’interdisent de «dire», de nommer le réel, d’utiliser le principal droit fondamental que notre histoire nous a légué: la liberté de s’exprimer. Or, les mots permettent la distance longue, la civilité entre deux personnes, une digue à la violence souterraine la plus irrationnelle qui menace de jaillir à tout instant. Quand les mots ne sortent plus, la distance reste celle du bras et à son bout, le poing fermé ou armé.

Ce silence général devant les abominations répétées et atroces depuis 2015 n’est pas seulement apeuré, il est une sidération due à la première victoire du camp islamiste: la terreur. De 2015 au martyre du professeur Samuel Paty ce 16 octobre 2020, à Conflans-Saint-Honorine, cette terreur a frappé les «civils» quand ils communiaient en concert ou sur la Promenade des Anglais, les Juifs dans une école primaire ou dans un hyper casher, puis les représentants des forces de l’ordre partout, pendant leur travail, chez eux devant leurs enfants encore et les journalistes emblèmes de cette liberté qui leur fait tant peur.


Les Français ont bien compris qu’ils avaient perdu la première bataille. A quoi bon le nier?

Les islamistes se sont attaqués à la première couche de l’oignon de la société française, à son épiderme, à la partie émergée de son iceberg. Cette partie a été gagnée malgré le dévouement des forces de renseignements et de police. Elle a été gagnée malgré l’empilement des lois anti-terroristes. Elle a été gagnée parce qu’elle est devenue une croyance aussi puissante que limitante dans la tête des élites de ce vieux pays. A savoir que l’on ne peut rien y faire. Que c’est trop tard.

Qu’ils sont trop nombreux, armés, fanatisés et de surcroit… français désormais. Aucun parti politique ni ancien président de la République n’assumant devant ses concitoyens qu’il a échoué par naïveté, par idéologie, par peur de déplaire diplomatiquement ou par manque de sens profond de l’Etat et de la Nation. Avec le martyre de Samuel Paty, c’est la deuxième phase de la terreur qui vient de commencer.


Les musulmans fanatiques ou islamistes vont s’attaquer à la deuxième couche de l’oignon français: celle des centres de production du discours des Droits de l’Homme et de la république. Ayant échoué, pour l’instant, à renverser le socle des valeurs républicaines et démocratiques dans la société entière, n’ayant accumulé de réussites que dans certaines communautés, ils décident de frapper les passeurs du discours républicains. Le but de cette deuxième phase de la terreur islamique est de tétaniser le corps enseignant déjà extrêmement divisé sur ce sujet. Le but est d’accroître le discours du «pas de vague» qui règne dans trop d’établissements et de Rectorats.

Car il va falloir dans les collèges et lycées de banlieues mais aussi de certains centres-villes une dose de courage allant jusqu’au dépassement de soi pour un professeur pour oser évoquer certaines libertés et notamment celle de blasphémer. Quant au courage des professeures, il devra être du ressort de la foi, tant nous savons le mépris dont elles sont la cible.


Samuel Paty, était un hussard noir de la République, un défenseur des Droits de l’Homme qui croyait avec ferveur qu’ils étaient supérieurs aux Droits de Dieu quand il s’agissait d’éveiller l’esprit d’un enfant, d’un collégien, d’un élève qu’on doit faire grandir pour qu’il ait, demain, pleinement conscience de ses choix en femme ou homme libres.

Avec la mort de ce fonctionnaire, ce serviteur de l’instruction publique, de l’Education nationale, de l’initiation aux mythes et rites républicains et laïques, c’est un symbole plus profond qui est touché. En lui coupant la tête, le terroriste islamiste, a voulu décapiter Marianne, la liberté guidant le peuple, les Lumières, le soleil de la Renaissance, l’amour des Lettres, des Arts et des Armes intellectuelles que professe l’école républicaine.


Si la deuxième phase de la terreur devait l’emporter, il ne resterait plus que le noyau dur de l’oignon de la culture française à faire tomber: sa vocation, c’est-à-dire, à être ce qu’elle est.


Une vocation est composée de deux piliers: un Appel et une Écoute. Si l’État et la société entière ne répondent pas à cette deuxième de vague de terreur qui va s’abattre sur les centres de savoirs de l’Education nationale alors il n’y aura plus aucun apprentissage de l’écoute de soi et des autres, éléments fondamentaux pour qu’il y ait démocratie. Il n’y aura plus de curiosité et d’appétit du monde, d’appel à aller vers la lumière et la liberté de devenir une femme ou un homme libre, souverain de son destin, éléments fondamentaux pour qu’il y ait république.


C’en sera fini de la vocation française dans le cœur des Français. C’en sera fini de sa belle définition par le général de Gaulle: «Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde".



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