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Mon commentaire sur l'Etude CRIF & IST sur "le fait religieux et les radicalités" en entreprise.

  • Photo du rédacteur: Alain CABRAS
    Alain CABRAS
  • 25 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 mars

Le 24 mars 2025, j’ai assisté, au Palais du Luxembourg, à la restitution de l’étude de l’IST et du CRIF sur « le fait religieux et les radicalités en entreprise », faite en février dernier sur un échantillon de 1155 salariés, une première.


Pour une fois, je n'intervenais pas à la tribune, mais j'écoutais dans la salle pour apprendre et analyser l’évolution récente de ce sujet trop souvent qualifié de « touchy », par les spécialistes de l’évitement du réel.


Les études se suivent et semblent se ressembler (Institut Montaigne et Crif & IST depuis 2018).


Oui, le fait religieux est de plus en plus connu et vécu par les Français dans leurs entreprises.

Oui, il nécessite, de plus en plus souvent, l’intervention d’un manager, parfois de la DRH et dans les PME (oubliées, hier) des dirigeants, pour rappeler les règles, informer, sensibiliser avant d’autoriser ou de refuser une demande en lien directe ou indirecte avec la religion.

Et oui, enfin, il devient de plus en plus problématique d’année en année, même si les managers s’en sortent bien dans 70% des cas, dans cette étude.


Certes… mais que faire  quand ce n’est pas le cas ?


Le recours au Légal apparait comme salutaire mais il ne suffit plus.


Que disent les lois ? Que peut-on faire avec l'instauration de la neutralité dans un règlement intérieur ? Comment formellement s’armer pour répondre à des demandes qui pourraient déstabiliser, demain, la cohésion, la hiérarchie et la performance de l’entreprise ?


Les réponses, sur cette partie étaient évidemment pertinentes, hier mais voilà, dans la pratique, lors d’interventions multiples dans le monde du travail et notamment auprès de dirigeants, quand il s'agit de "faire ensemble" avant, pendant et après une expression du fait religieux qui a interpelé voire choqué ça ne suffit plus. En temps de crise, le réel déborde le Légal, n’en déplaise aux amoureux des lignes Maginot.


Tout collectif, toute entreprise tient sur deux jambes : le Légal et le Légitime.


Le Légal dit les normes, règles et règlements, les contrats. Le Légitime, lui, dit le Pacte entre ses membres, les valeurs qui le permettent et une Doxa, c’est-à-dire l’opinion suprême que le groupe a de lui-même, autrement dit son récit culturel. Et ce Légitime est l'énergie de la culture de l’entreprise.

Claude-Levi Strauss parlait d’identité commune par la cause, Michel Maffesoli d’identité dynamique et Peter Sloterdijk de « système immunitaire symbolique"  (nommer, protéger et transmettre ce qui est tissé ensemble).


Les attaques sur le Légitime


Or, qu’est-ce qui attaque le « Légitime » ? Une demande de congés pour l’Aïd ou Kippour ? Une demande de salle de prière ? Un port du voile ?

Non, quand il s’agit d’une seule personne mlais, oui, quand il s’agit d’un groupe, et a fortiori dans une PME.


Ce qui abîme le Légitime encore ? C’est quand la moitié des personnes composant une société - les femmes - ne sont plus considérées dignes de commander, de demander d'accomplir une tâche à un homme, d’être saluées ni écoutées, en un mot : niées.

Le Légal nous dit : sexisme. Le Légitime nous dit : destruction des liens et du sens commun.

En effet, le Légitime, à la française, républicain de surcroît, est durablement affecté quand des hommes d’un collectif ne veulent plus que les femmes aient un rôle pour « faire société » mais seulement pour « faire communauté ».


Enfin, ce qui peut tuer le Légitime, c’est quand la jeunesse d’une société considère à 46%, soit 18 points de plus qu’en 2021 (!) qu’il est « acceptable » qu’un homme refuse de prendre son poste de travail si une femme l’a occupé avant lui (diapo 9) !

Cent soixante mille ans d’évolution pour en arriver là ? 


Alors par quoi commencer ?


D’abord, en arrêtant de distinguer l’entreprise de la société ( elles sont miroirs l’une de l’autre et Jean-Daniel Lévy l’a très bien expliqué) et repartir des fondamentaux :


-  Rendre le CADRE vertueux et lui rendre sa force de mythe ( récit fondateur), car la demande de cadre est forte ( diapo 21) et c’est l’entreprise , en France aujourd’hui, qui en assure encore le mieux la solidité ;


-          Retravailler et poser clairement les valeurs centrales de cohésion, non négociables, comme socle et force de projection;


-          Les INCARNER pour rétablir la sociabilité que nous voulons vivre, car toutes les incantations bêlantes au « vivre-ensemble » ne valent rien sans le verbe "vouloir";


-          Transmettre la force d’une Cause qui nous dépasse et donc qui nous unit;


-          Redonner au travail son sens d’œuvrer et non plus de torturer, comme l'énonce l’étymologie « tripalium ».

 

Bref, FAIRE CULTURE ENSEMBLE.


Alors, merci au Crif et à l’IST d’avoir osé l’étude, d’avoir su si bien la retranscrire et aux intervenants ( Caroline Courtin, Marianne Laigneau et Denis Maillard) qui ont eu le courage de venir témoigner sur ce sujet, non pas « touchy », mais VITAL.

 

Le fait religieux en entreprise se traitera, d’abord et finalement, par la force de la culture des collectifs. Cela fait vingt-six siècles que c’est inscrit sur le fronton du temple de la Pythie de Delphes. «  Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’Univers et les Dieux ».


Nous ne pouvons plus attendre.

 







 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

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