«On s’est posé cette question: “C’est quoi, le rugby français?”
On a retenu deux choses: le French flair et l’instinct grégaire, notre côté tribal. Notre identité de Gaulois repose sur ces deux axes.»
Il s’agit donc de les exploiter au mieux. «Un de nos points forts est notre capacité à improviser? Gardons-la, mais en fixant un cadre. C’est celui-ci qui aménagera des espaces de liberté pour les joueurs.» Le Français aime bien également le combat. Soit".
En une phrase, Raphaël Ibanez a résumé la philosophie qu'il partage et déploie avec Fabien Galthié pour la renaissance bien entamée du XV de France.
Mais bien plus encore...
Il a rappelé tous les ingrédients qui composent le "centre" d'une culture motrice pour une identité dynamique.
"Il n'y a pas de sens là où il n'y a pas de centre" a l'habitude de dire Jean-Yves Leloup, écrivain et prêtre orthodoxe.
Ibanez et Galthié sont partis du fond de l'iceberg, de la question primordiale :
"C'est quoi le rugby français ?" Drôle de question de la part de praticiens et théoriciens du jeu au ballon ovale depuis des décennies ? Non, juste de l'humilité.
Le primordial s'aborde toujours avec de l'humilité parce qu'il est l'humus de l'humain.
Se relever par le retour au mythe qui est le récit fondateur.
Un mythe, récit fondateur, est la somme des réussites, des épreuves et des échecs de tout collectif. Le récit fondateur raconte l'histoire et surtout l'historicité de l'équipe, de l'entreprise ou... d'une nation.
Le mythe est le "French flair et l’instinct grégaire, notre côté tribal. Notre identité de Gaulois repose sur ces deux axes".
On imagine les dents des belles âmes grincer au doux nom des Gaulois comme base identitaire française...
Et pourtant... le rugby est bel et bien un sport guerrier. Que le mythe soit vrai ou faux n'a aucune espèce d'importance. Ce ne sont pas les religions qui diront le contraire !
Quand Ibanez parle des Gaulois, c'est un rappel à un imaginaire sûr, faisant jaillir spontanément son flot d'images et d'émotions que tout Français ayant un minimum de culture et connaissances historiques, reconnaît : des tribus, opposées, guerrières qui s'unirent derrière un jeune chef, pour combattre jusqu'à l'immense victoire de Gergovie, (fondatrice d'un imaginaire gaulois) puis la défaite d'Alésia (fondatrice défintivement de la Gaule).
Autrement dit le mythe précède le réel de l'unité.
Les rites tribaux pour vivre le récit .
Ensuite, vinrent les rites issus de ce mythe en deux axes : "french flair et le côté tribal".
Pour le french flair , les rites sont ceux de la lente quête et pratique de la confiance.
Pour le côté tribal, et non pas du tribalisme toujours destructeur d'unité, les rites sont ceux de l'amour du collectif : eros, agape et filiae.
Eros : aimer le pays, son maillot et son équipe de manière charnelle.
Agapè : la victoire n'existe que si elle est collective. Si tous les "Je" sont au service du "Nous" et forment un "Je-Nous".
Filiae : dans l'éloge et l'amour de la transmission, c'est l'articulation du binôme d'incarnation : "valeur - comportement".
Tous ce qui est en dehors de cela nuit à l'imaginaire collectif.
La belle doxa pour raconter la Geste de la renaissance et de la cause
Enfin, il faut raconter et se raconter pour se re-présenter.
Animaux parlants nous sommes condamnés à dire nos hauts faits, à dire ce que nous sommes et ce que nous voulons.
La doxa, le discours qui dit la vérité du groupe, et dont Ibanez est, ici, le héros/héraut, rappelle : " Gardons-la, mais en fixant un cadre. C’est celui-ci qui aménagera des espaces de liberté pour les joueurs".
La doxa raconte aussi et toujours le cadre, pas seulement pour les limites et le contrôle qu'il implique, mais aussi parce qu'il libère. La règle libère. Elle permet à la force de se canaliser.
Le rugby est une magnifique école de culture et initiatique !
Merci messieurs Galthié et Ibanez.
https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/6-nations/xv-de-france-fabien-galthie-le-grand-artisan-du-redressement-tricolore-20220318
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